Ce soir c’est parti je vais danser un tango. J’angoisse un peu. Est ce que vais arriver ? Il faut attendre car le Milonga de las Morachas n’ouvre qu’a 22H30. Heureusement il y a un concert ; la Traviata de Verdi , place de l’obélisque juste devant l’hôtel. Une immense estrade et toute l’avenue transformée en salle en spectacle. 1000 spectateurs avec Daniel Barenboim comme chef d’orchestre. Hélas de ma fenêtre je ne vois pas scène. Mais j’entends parfaitement l’orchestre. Alors je regarde le spectacle à la télé assis prêt de la fenêtre. Génial ! Le concert se termine, il est temps de rejoindre la piste de danse qui est à 10 minutes à pied. J’ai un peu de mal à trouver l’entrée. C’est une porte quelconque sans enseigne particulière dans une rue obscure. Je monte l’escalier qui ressemble à celui d’une quelconque maison. La déco de la salle est surannée. Moyenne d’âge entre 40 et 70 ans. Que des habitués qui se saluent et s’embrassent. Beaucoup de femmes sont assises en attendant qu’on les invite. On m’a expliqué qu’il y a des codes à respecter. Je décide donc d’observer. Je comprends en regardant les danseurs que le niveau est très élevé. Pas un niveau de concours de danse, mais celui des afficionados. Les femmes assises fredonnent les chansons. Des dizaines d‘années d’expérience tournent de concert. Je sympathise avec un gringo au nez cassé au bar. Je lui explique ma situation. Il me dit que ça va être difficile. Puis je m’adresse à une femme sur ma droite qui me dit que c’est impossible si je suis juste débutant. Une femme d’un certain âge parlant parfaitement français me confirme les points de vue précédent. Je suis au pied de l’Himalaya en paire de tongues ! Ces femmes sont des formules 1 du tango qui ne se laissent conduire que par des pilotes de course et je viens juste de passer mon permis. Mais bon, je viens de France, je suis à Buenos Aires. Je décide d’attendre l’opportunité en buvant une bière au bar tranquillement. En gros, les femmes sont groupées d’un coté de la salle, un harem attendant le prince charmant. Les robes sont moulantes sur des rondeurs d’odalisque. Les talons sont hauts, très hauts. Un rapide coup d’œil échangé et la femme rejoint son cavalier sur la piste. Elle se met bien en face. Elle se colle à lui. Elle installe consciencieusement son avant bras sur l’épaule de l’homme. Elle ferme les yeux et cambre les reins. Un imperceptible mouvement de balancier et c’est parti. Les talons se croisent et virevoltent. Entre deux morceaux les danseurs s’arrêtent et chacun discute avec sa partenaire en prenant légèrement ses distances. Car on ne parle pas durant la danse. Je me sens bien à regarder ces couples. Je sympathise avec un autre grigo qui me parle en espagnol. La musique s’arrête. C’est un rock. J’invite una Chicas qui accepte puis refuse de danser un rock. Mon compagnon de bar m’explique que ici les autres musique ce n’est pas pour danser c’est juste pour ce reposer entre deux tangos. Ce n’est pas gagné ! Je ne vais pas repartir sans danser. Je cherche des yeux une partenaire potentielle en évitant d’insister pour ne par me trouver face à une invitation formelle. Je repère une femme à l’allure d’étudiante. Je m’approche et lui demande si elle parle anglais. Ouf ! elle maitrise l’idiome de Shakespeare. Elle accepte de danser en me demandant si je peux danser sur ce morceau car c’est un « melonga ». Ah si en plus il y a des nuances dans le tango ! On se retrouve sur la piste. Ce n’est pas vraiment un tango mais ça pourrait y ressembler. La fille est compréhensive. Je n’ose pas lui proposer une deuxième danse. Voila c’est fait, j’ai dansé à Buenos Aires. J’ai cru que je n’y arriverai pas. Un ami me disait que le tango c’est une drogue dur. Je suis accro !
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